Sam’s : « Aujourd’hui je pense que c’est plus régulé, mais avant c’était facile de se dire ‘agent’… »
Invité, hier soir, de l’émission radio ‘Girondins Analyse’ (sur R.I.G), Moussa Mansaly alias Sam’s* a démarré son entretien avec l’équipe de GA en resituant les choses quant à son vécu dans le football, notamment dans la région bordelaise, d’où il est originaire.
*ancien joueur de foot, rappeur, acteur (actuellement à l’affiche de ‘La Surface de Réparation’, film sur les coulisses du monde du football) et… supporter des Girondins.
« Pour résumer rapidement mon parcours : sur Bordeaux, j’ai joué à Floirac, à Cenon, au Stade Bordelais, puis je suis parti à l’étranger, à Londres, en Angleterre, où j’ai joué dans un club de niveau équivalent au CFA, avant de rentrer en France, puis de faire un essai en Grèce où je me suis fait arnaquer. Là, je suis revenu à Libourne, pour jouer en réserve, et j’ai un peu été dans le groupe de Didier Tholot, en Ligue 2, mais je me suis gravement blessé. Et j’ai dit stop. J’ai vraiment fini à Lormont, mais bon, comme j’avais déjà la musique et le cinéma à côté, et que j’étais à fond dedans, j’estimais avoir fait le tour du football. Mes amitiés dans le football (en équipe de jeunes de la Ligue d’Aquitaine, il a notamment croisé toute la génération 84 des Girondins de Bordeaux, dont Marouane Chamakh, Rio Mavuba et Mathieu Valbuena) ? Oui, j’ai toujours gardés des contacts, mais surtout avec Éloge Enza-Yamissi (post-formé aux Girondins, NDLR), car c’est un mec issu du même quartier que moi. Il joue encore à Valenciennes, en Ligue 2, il a fait une belle carrière pro (une centaine de matches en L1 et 200 en L2 avec Troyes et VA, NDLR), et c’est vraiment un ami. Pour tout vous dire, il était dans mon premier groupe de rap (sourire) : on s’appelait ‘Les fanatiques’ !
Pourquoi je n’ai pas réussi à lancer ma carrière pro ? En fait, moi, au départ, j’ai un ami qui me dit qu’il a une amie étant la collègue de la sœur d’un ancien joueur pro qui est devenu agent, et qu’elle va en Angleterre pour le voir. Moi, je suis jeune, j’y crois, je me dis que je n’ai rien à perdre, donc j’y vais ; mais sur place je me suis vite rendu compte que c’était du flan. On faisait du porte-à-porte ! Alors je change vite d’agent, j’essaye d’avoir des contacts plus sérieux, et j’en trouve un qui m’a amené dans un club londonien pour faire des entraînements et voir mon niveau. Ça se passe bien, je reste 3 semaines, mais l’agent disparait ! A l’époque, je suis à peine majeur, je ne parle pas trop la langue, c’est dur. Vous savez, pour beaucoup de jeunes, quand on n’a pas la chance de passer par un cursus normal, un centre de formation pro, on peut facilement se laisser séduire par des gens qui disent avoir des contacts et qu’on suit pour voir, car on a beaucoup d’espoirs et rien à perdre. Mais en fait, tu peux vite avoir de grandes désillusions. Il faut donc toujours garder la tête sur les épaules, s’assurer avant que tout est cadré, se renseigner.
Aujourd’hui, je pense que c’est plus régulé, qu’il y a moins de dérives comme ça, mais à une époque c’était très facile de se dire ‘agent’, car on connaissait untel. Et des fois, à 18-19 ans, tu faisais confiance, et tu ne savais pas où tu pouvais atterrir. C’était n’importe quoi. Moi, on m’a dit ‘Je suis agent, je vais t’aider‘, alors j’ai dit ‘ok’, car je n’avais pas de recul, je me foutais des conséquences, je suis allé voir… Mais je ne savais même pas si la personne était vraiment agent ! Et c’est arrivé à bien d’autres. Après, il y a des escrocs, mais il y a aussi, parfois, des gens de bonne volonté, qui essayent mais n’ont pas les compétences ou les contacts. Je connais plein de gens qui ont eu des agents, et même des ‘vrais’ agents, faisant capoter des deals ainsi… »