L. Perpigna : « Ces interdictions sont presque devenues la norme (…) on ne peut plus les respecter »
Deuxième extrait retranscrit du podcast de notre entretien d’hier (émission ‘Girondins Analyse’, radio RIG, à écouter en intégralité ICI) fait avec Laurent Perpigna, le porte-parole des Ultramarines Bordeaux 87. S’il n’était, personnellement, pas à Strasbourg ce weekend, Laurent a été touché de plein fouet par tout ce qu’ont vécu les supporters girondins présents en Alsace et raconte la genèse de tout ça :
« Les gardés à vue sont tous rentrés, oui. Assez difficilement ; avec les conditions climatiques particulières actuellement dans l’Est, mais ils tous rentrés et ont repris le boulot ce matin (lundi). (…) Comment contextualiser tout ça ? C’est assez long comme histoire… Ces derniers mois et ces dernières années, les interdictions collectives de déplacements ont succédé aux interdictions individuelles de stade. Les autorités, face aux problématiques posées par la gestion des supporters en France, essayent de trouver des solutions. Les premières ont été les interdictions de stade, les interdictions administratives de stade, puis les interdictions de déplacement… Sur ça, on va essayer de faire assez rapide : depuis 2 ans, les interdictions de se déplacer ont plu, partout, et se sont répandues car il y avait un contexte politique assez particulier ; avec les attentats, l’état d’urgence, la préparation de l’Euro. Donc ces interdictions sont presque devenues la norme, surtout en 2015 et en 2016, où énormément de déplacements de supporters ont été interdits, et pas des déplacements à risques, car on parle même de matches en 2ème ou 3ème division…
Contre ça, on s’est adapté, bon gré mal gré, un peu comme tous les supporters français, en acceptant ces interdictions dans un premier temps. Mais on s’est aperçus que, au final, l’état d’urgence – bien que maintenu, certes… – s’est quand même assoupli, mais que les supporters restent toujours enfermés dans une politique d’exception menée à leur encontre. Nous, au sein des Ultramarines, on a porté le débat, et on le porte depuis plus d’un an et demi, pour demander : ‘Qu’est-ce qu’on fait ?’, ‘Est-il acceptable qu’on soit privés de nos libertés ?’, ‘Est-il acceptable qu’on doive demander la permission à la Ligue de Football Professionnel ou à des préfectures d’aller voir un match de football ?’. Et au vu des éléments que nous avons eus, on a décidé de ne plus se plier à ça. On avait commencé la saison dernière, et on en avait déjà parlé, pour un Nantes – Bordeaux : un arrêté était tombé, mais on a décidé d’y aller quand même. Le match il était le samedi, l’arrêté est tombé le mardi, et on a communiqué pour dire qu’on ne se soumettrait plus à ces interdits. Prise de panique par notre réaction, la préfecture – grâce aussi à un excellent travail de David Lafarge (responsable de la sécurité des Girondins, NDLR) – a fini par accepter notre présence en autorisant un déplacement, mais en nombre restreint. C’était déjà là une première victoire, après un bras de fer assez épique, mais on avait pu faire fléchir les autorités et on avait senti qu’il y avait vraiment la matière à… De toute façon, comme nous l’avions annoncé déjà, on ne pouvait plus respecter tous ces arrêtés profondément injustes. »