Sam’s : « Comment on a pu tomber dans cet anonymat ? C’est de l’incompétence à ce stade-là… »
Guest de l’émission ‘Girondins Analyse‘ (radio RIG), vendredi, le rappeur et acteur Moussa Mansaly, alias Sam’s, supporter des Girondins et ancien joueur dans la région, a parlé de ses souvenirs comme fan de Bordeaux, puis du déclin du club ces dernières saisons, par rapport au passé :
« Je me souviens de la grande époque des années 90, avec Duga, Liza et Zizou, du match de Coupe d’Europe gagné 3 à 0 contre le Milan AC, de la demi-contre Prague, de cette finale contre le Bayern, du titre de 99, et aussi du but de Gourcuff contre Paris, l’année du titre de 2009. Il venait vraiment d’une autre planète ce but ! C’était avant que Paris ne devienne la machine que c’est aujourd’hui. J’étais au stade, du côté où le but a été mis, je n’en croyais pas mes yeux. Je revois tout dans ma tête, chaque geste, au fur et à mesure, c’était incroyable ! Après, aujourd’hui, c’est moins ça… Mais pour moi, le souci date de plus longtemps : l’immeuble crame depuis des années, mais comme il n’y avait pas de fumée dans le hall d’entrée on refusait de voir le problème. Je vais peut-être aller loin, mais pour moi ça remonter à l’année de l’après titre. A la trêve, on a une dizaine de points d’avance sur le second en L1, on est super bon en Ligue des Champions, on va aller en quart de finale, on a une finale de Coupe de la Ligue à jouer ; mais Laurent Blanc apprend qu’il va devenir le prochain sélectionneur de l’Équipe de France, et là – je suis désolé… – il fait couler le bateau, il n’en a plus rien à foutre.
Normalement, en ayant tout en place à la trêve ; se faire rattraper au classement et tomber si bas (6ème, NDLR), perdre la finale de la Coupe de la Ligue – contre Marseille en plus ! – et échouer en Ligue des Champions ça ne doit pas arriver, avec l’histoire de Blanc aussi. Pas tout ça d’un coup. Tu dois sonner l’alarme avant, et réagir après, mais là… Non, personne n’a rien fait, et depuis on s’enlise. Le mal vient de là. On subit. Ailleurs, ça aurait pété les plombs en interne et chez les supporters. Mais on a lentement chuté, sur 6 mois puis sur des années, sans que personne n’enraye ça durablement. Avant, je me souviens que Bordeaux était respecté, et quand tu disais Bordeaux on disait ‘Ah ouais, quand même, c’est quelque chose’. Aujourd’hui, on passe pour un club un peu vide. Le truc qui m‘avait fait le plus halluciner, c’était le coup de dire que c’était relou de jouer la Couper UEFA, car ça nous nique la saison, alors qu’on devait tout faire pour y être encore et retourner, justement. Mais c’est du grand n’importe quoi ! Ça n’a pas de sens.
Le rôle de Jocelyn Gourvennec dans la crise de cette saison ? Pour moi, c’est un très bon entraîneur Gourvennec, mais il n’est pas venu au bon moment, dans le bon cadre. Car bon, sans me prétendre non plus comme celui qui sait tout ou qui saurait faire, le souci vient d’en haut… Avec M6 et Nicolas de Tavernost, je n’ai jamais compris le projet, les objectifs à long terme, les envies pour dans 5 ans, et ça depuis 99 qu’ils sont là, même s’il y a eu des trophées et des bonnes saisons. Il y a le nouveau stade, ok, mais autour de ça ? Rien. Il fallait prévoir. Des clubs comme Nice, Monaco, Lyon et même Marseille depuis peu arrivent à avoir une vision et à s’y tenir. Mais nous, non… Comment on a pu tomber dans cet anonymat ? C’est de l’incompétence à ce stade-là… Vu l’histoire des Girondins, avec les meilleurs joueurs français qui sont passés par Bordeaux, le passé européen du club, la finale de la Coupe UEFA… Ce n’est pas possible d’avoir coulé comme ça ! Bordeaux, c’est normalement un grand club. Avant, le classique du championnat c’était Bordeaux – Marseille, car il y avait Giresse et Tigana, puis Zidane. Après, je veux bien que ça évolue, que d’autres arrivent, progressent, avec des investisseurs ; mais voir Bordeaux tomber dans l’anonymat, je n’accepte pas. »